Chronique vétérinaire
En ce moment, je lis lentement. 2 ans et demi que je n'ai pas fait une nuit de plus de 6 heures et bientôt 9 mois que je n'ai pu dormir plus de 3 heures d'affilée (les bonnes nuits). Autant dire que mon corps n'attend même pas le contact de l'oreiller pour sombrer dans le plus profond des sommeils. Et ça a forcément un impact sur mon rythme de lecture...
Quand en plus j'éprouve quelques difficultés à m'imprégner de l'atmosphère d'une oeuvre, le temps nécessaire à l'achever s'étend indéfiniment.
C'est ce qui m'est arrivé avec le livre d'Olivia Rosenthal "Que font les rennes après Noël?". Ce roman a largement été salué par la critique à sa sortie et a même été primé. J'entamais donc sa lecture assez confiante. Mais j'ai rapidement été déroutée par la narration. L'auteur fait évoluer en parallèle une retranscription d'entretiens qu'elle a eus avec des professionnels du monde animal et un récit à la deuxième personne sur la métamorphose d'une petite fille en femme. En plus d'avoir été rebutée par cette alternance de récits (j'ai tout d'abord pensé qu'il s'agissait du traitement du premier chapitre, puis, j'ai attendu que les récits se rejoignent puis, j'ai (je pense) compris l'intention de l'auteur. Il m'a fallu du temps. Je vous l'ai dit, je suis ramollie !), j'ai trouvé le style glacial, clinique. C'est certainement la volonté de l'auteur mais ça a eu sur moi l'effet d'empêcher toute empathie avec le personnage. L'emploi du "vous" tout au long de la narration n'a pas suffit à permettre une quelconque identification. A dire vrai, je me suis complètement désintéressée de ce qui allait bien pouvoir arriver à l'héroïne et j'ai subi les passages "scientifiques" sans aucun plaisir.
Reste la réflexion qui s'initie à la lecture de cet ouvrage sur la domestication de l'homme par l'homme. L'éducation d'un enfant ne s'apparente t'elle pas à sa domestication ? Ne cherchons nous pas à le "dresser" pour réprimer ses instincts animaux et le rendre conforme à ce qu'attend la société de lui et à l'image que nous même nous faisons de l'enfant idéal ?
Une problématique passionnante à creuser mais qui, à mon sens, pourrait l'être avec un peu plus de chaleur.
Cependant, au vu de l'emballement qu'a provoqué cet ouvrage chez la grande majorité des critiques littéraires, j'imagine que je suis passée à côté du coeur de l'oeuvre. Trop fatiguée, devenue trop maman sans doute.
Le mieux à faire est de le lire ! A vous de juger.